La couleur prend des libertés avec la technique artistique mixte élaborée
par Aline Chevalier
Ma technique me ressemble. Elle est ambivalente, à la fois libre et contrainte. J’utilise de la peinture sur du papier de soie, le découpage et le collage. Je peins et je dessine. Ma technique artistique mixte se caractérise par des supports, médiums et procédés différents à chaque étape de réalisation. Je vous livre ici quelques secrets de fabrication.
Colorer du papier avec des pochoirs
La première étape de mon travail m’accorde une grande liberté. J’utilise un papier de soie résistant sur lequel j’imprime des motifs à la peinture acrylique. A l’aide de pochoirs, de pinceaux ou de rouleaux, je superpose les formes et les couleurs. Peindre des papiers est une phase très créative, de recherche et de libre expression. La couleur et les motifs me portent. Ils me parlent presque. Toute expérimentation est possible. La multitude de motifs qui peut apparaître est toujours surprenante. Les combinaisons sont quasiment infinies, car l’alternance des pochoirs et des teintes donne des résultats parfois inattendus.
Dessiner un sujet sur le fond
Je traite toujours les fonds à part avec des techniques structurelles et sans connaître le sujet du tableau.
L’étape du dessin vient plus tard. Je trace le contour de ce que je souhaite représenter. Je recherche l’agencement que je vais donner aux bâtiments, lorsqu’il s’agit d’une ville. Je dois trouver quelle apparence je vais lui donner. Il n’est pas question de se contenter d’une skyline. Je préfère la reconstruire à mon idée avec des éléments forts. Elle devient irréelle :
Les monuments sont déplacés.
Les époques différentes se côtoient.
Les échelles de grandeur sont modifiées.
Habiller le dessin à l’aide des papiers
J’habille mon sujet avec des petits morceaux de papier. Je découpe ou déchire des fragments de mes papiers colorés puis je les colle. Parfois, je les froisse pour donner de l’épaisseur. La couleur choisie n’a rien à voir avec la réalité. Colorer mon dessin avec les papiers leur donne une dimension particulière. Ils m’amènent à avoir des sensations sur le bâtiment qui diffèrent de la réalité. Seule la forme générale extérieure est conservée. Cela m’évoque la technique de Christo, mais à plus petite échelle, en papier et à plat. Le papier est très fin donc je le colle à plat sans utiliser de chevalet. Sans surépaisseur, il s’intègre dans la toile.
Sublimer les détails en traçant les contours
Une fois mon tableau habillé et toutes les zones remplies, je redéfinis tous les contours. Je retravaille mon dessin et recherche chaque petite forme, chaque espace coloré laissé apparent. Je contourne tous les petits motifs pour les sublimer. J’oublie mon dessin et je cherche à faire ressortir les détails des papiers.
Souvent, les fragments ne sont pas seulement juxtaposés. Ils se chevauchent ou se superposent. Parfois, il y a 3 ou 4 morceaux les uns sur les autres. La transparence du papier de soie arrive alors et laisse apparaître chaque strate. En traçant les contours, je recherche toutes les formes, même celles du dessous. Elles se recréent alors différemment.
Apprécier la singularité de cette technique
L’usage des papiers me permet de briser toutes les règles. Je peux mettre côte à côte des couleurs que les théories académiques n’approuvent pas. Je m’autorise à remplir un bâtiment austère de motifs fleuris. Placer un décor ondulé ou tournoyant proche d’un autre plus cubique n’est pas un problème. Tout est possible et un assemblage inopportun se corrige très facilement par recouvrement.
Au contraire, l’étape des contours m’oblige à faire preuve de contrôle, de méthode et de rigueur. Je n’utilise que du noir. Seule l’exigence a sa place à ce moment-là. J’apprécie aussi les aplats de couleur nets et tranchés du papier que je peins. La texture de la feuille, la qualité des pochoirs et la peinture au rouleau offrent une belle finition du résultat.
Ma technique artistique mixte en vidéo