Pourquoi Intégrer un Collectif d’Artistes ? Ce qu’il faut savoir
Recevoir soutien et motivation dans vos projets artistiques
La fin de la journée approche. De timides rayons de soleil s’effacent lentement des larges lattes usées du plancher, et pourtant le tableau commencé la veille n’est pas terminé. Des pensées vagabondes, de la peinture décorant outrageusement le tablier et cette peinture qui continue à me faire de l’œil ! Des jours comme celui-ci, j’en ai vécu quelques-uns, à la recherche d’inspiration. Ne venant pas sur simple décision, il faut trouver des astuces.
Alors on s’arme de patience, on enchaîne les tasses de thé, on marche, se disant qu’au retour devant la toile, l’inventivité va finir par arriver. Parfois, cela se passe très bien, parfois non. C’est loin d’être la seule raison, mais travailler à plusieurs, sur un même lieu, peut revêtir un intérêt incroyable.
Plutôt que de multiplier les pauses pour renouveler l’inspiration, on peut discuter avec ses collègues et partenaires. Un conseil avisé est souvent apporté. Une phrase toute simple remet en place la pensée perdue, offre une nouvelle vision, redonne confiance et motivation. Observer l’ouvrage de l’autre peut aussi être source d’idées neuves. De surcroît, les compétences variées des membres du collectif, les points de vue opposés, les différentes techniques employées seront utiles à la recherche de votre propre voie artistique.
Partager des idées et des conseils pour progresser à plusieurs
Travailler en groupe n’est pas juste un prétexte pour retrouver de l’inspiration. La réunion d’artistes se fait souvent par affinité d’art. J’entends par genre, par univers. Prenons un exemple cher à mes yeux : le collectif Art Maestria. Nous habitons dans des endroits différents. Certain·e·s en Occitanie, près de Perpignan, et d’autres à travers la France, en Belgique ou encore en Irlande.
Il s’agit d’un regroupement de peintres en tous genres — et un photographe. Notre objectif est clair : favoriser l’entraide et la création. En plus des raisons évoquées précédemment, la coopération sert aussi à apprendre des techniques inédites, à améliorer la sienne. C’est un soutien indéfectible aux coups de mou et aux errances artistiques. Les plus expérimentés apporteront des conseils avisés, des connaissances ancrées. Les nouveaux membres pointeront des visions artistiques originales ou des points de vue différents. Et cet ensemble peut relancer la dynamique du groupe.
D’un côté plus pragmatique, quand l’inspiration arrive, mais que le matériel nous fait défaut. On se tourne alors vers l’atelier d’à côté : « Tu aurais un pinceau MOP à me prêter s’il te plaît ? ». La force du collectif est aussi une manière de réaliser des projets d’envergure, plus difficiles à appréhender seul. Un bel exemple se trouve au pied de la vallée du Vallespir, à Céret, où Picasso et ses amis artistes — dont Georges Braque — ont posé les bases du cubisme.
Nombreuses sont les occasions de voir en la multitude, un avantage précieux.
Trouver des lieux d’exposition de manière plus facile
8 h 15, la lumière matinale de mon atelier éclaire chaleureusement la pièce. Mes yeux traversent la longue baie vitrée. Les PO — Pyrénées-Orientales — offrent des spectacles qui m’inspirent. La montagne sacrée des Catalans, le Canigou, pointe à travers le ciel et regarde la frontière espagnole à deux pas. Plus à l’Est, j’aperçois les côtes sauvages près de Collioure, le golfe du Lion nous invitant au voyage. Cette région, si vaste et si foisonnante, m’apaise et m’enrichit. Nombreux sont les peintres y ayant séjourné : Picasso, Matisse, Chagall…
Sortie de ma rêverie, la palette de couleurs toujours en main, je saisis enfin que le tableau posé devant moi sur le chevalet est fini. L’étape suivante sera de l’exposer. Pour cela, je dois rassembler les dernières œuvres de l’atelier, les étiqueter et trouver une galerie susceptible de les mettre en valeur pour les offrir aux regards des amateurs d’art. Il n’est pas toujours facile de dénicher un lieu. C’est là que le collectif entre en jeu. « Tu exposes à Céret le mois prochain ? — Oui, tout à fait. On s’occupe de l’installation le premier vendredi, viens si tu veux ? ». Et la machine se met en route…
L’étape d’après est entre vos mains, n’hésitez pas à visiter des lieux d’expositions, à découvrir des formes nouvelles d’art contemporain.
Comprendre le collectif d’artistes
J’aime bien cette définition : « Dans le domaine artistique, il s’agit d’une association de plusieurs artistes ayant individuellement une carrière propre et s’unissant à titre singulier sur un projet constituant donc un collectif ».
Un collectif d’artistes peut revêtir différentes formes et divers objectifs. Il se constitue autour de ces motifs essentiels :
Des raisons économiques, pour faciliter le partage de matériel, des espaces de travail, de frais en tous genres.
Des raisons politiques, pour se regrouper autour de convictions, de thématiques de création militantes.
Des raisons professionnelles, pour se faire connaître plus facilement grâce au renom des autres membres du collectif par exemple.
Dès 1905, lors de sa venue dans les terres catalanes, Henri Matisse fut un précurseur du collectif artistique. Posant ses valises sur la côte vermeille, il peint Fenêtre ouverte à Collioure, petit village entouré par la Méditerranée et le massif des Albères… André Derain, avec qui il travaillait là, créait Le Faubourg de Collioure. Ces deux tableaux suscitèrent bien des remous dans le monde de l’art. Le fauvisme apparaissait alors en Occitanie, avec de nouvelles notions d’utilisation des couleurs, basées sur l’émotion. Ce courant pictural rompait avec les conventions de l’époque, indiquant ainsi la portée politique de leur association.
Enfin, laissons la parole à Harry Gamboa Jr, le cofondateur du mouvement Asco, qui résume très bien la force d’un collectif d’artistes : « Séparément, nous étions efficaces. Mais ensemble, on pouvait provoquer une réaction en chaîne ».
Intégrer un collectif d’artistes
Vous êtes peut-être dans cette situation, seul·e dans votre atelier. Il vous faut peindre, produire des œuvres, découvrir des lieux d’exposition, discuter, expliquer, vendre. Mais vous êtes décidé·e, la meilleure option pour vous est de rejoindre un collectif d’artistes, vous voulez relever de nouveaux défis. D’un naturel réservé ou d’un tempérament plus extraverti, il y a toujours une solution simple pour y arriver.
Plusieurs pistes’offrent à vous :
Cherchez autour de vous, parlez-en à vos amis, à vos connaissances ou dans votre cercle professionnel.
Suivez des artistes sur les réseaux sociaux.
Surfez sur le web, les collectifs s’affichent souvent sur internet, il est facile d’y trouver des lieux, des contacts.
Consultez le site web d’Art Maestria, vous y trouverez leur contact.
L’étape suivante sera de discuter avec les membres, d’échanger autour du partage, de nouer du lien. Car l’humain reste au centre de tout projet. Il faut bien définir les enjeux d’intégrer un collectif et se sentir apte à échanger. Les objectifs et les moyens à mettre en œuvre devront aussi être débattus. Alors la force du groupe sera une précieuse alliée.
Toute forme d’art est possible, toute association aussi. Vous trouverez certainement un collectif d’artistes qui vous correspond. Il en existe beaucoup, avec des visions différentes. Dès lors que nous nous intéressons à cette forme de mutualisation, nous percevons vite les nombreux avantages à se regrouper.
Jérôme Malsch, pour Aline my Art
Sources :
casting.fr : collectif d’artistes
le Monde : l’art en bande organisée
France info : un été sans le musée d’art moderne et avec moins de touristes
le Monde : Collioure et Céret avec les peintres
Office de tourisme de Collioure : le fauvisme à Collioure