Les musées peuvent-ils se passer des NFT ?
On les pensait morts avec la crise des cryptoactifs de 2022… Les NFT sont, pourtant, toujours bien présents dans le monde de l’art. En 2023, la définition de ces jetons non fongibles rentre officiellement dans le Larousse. Une belle consécration pour cette technologie numérique. En février, le Centre Pompidou crée également la surprise avec sa nouvelle collection dédiée exclusivement aux NFT. Alors, peut-on déjà prédire la fin des toiles et des sculptures ? Les musées peuvent-ils se passer des NFT ?
NFT, définition d’un crypto art
Vous en avez entendu parler, mais le concept reste un peu flou dans votre esprit ? Qu’est-ce qu’une NFT ? Pas de panique, voici quelques explications pour comprendre ce crypto art. NFT est un acronyme qui nous vient de l’anglais : non-fungible Token (jeton non fongible, en français). Un NFT permet de relier un actif non fongible, comme une image, une vidéo, une musique ou une œuvre d’art, à un jeton numérique. Ce jeton est unique et il ne peut être échangé par un autre de même valeur. Le NFT, c’est aussi :
Un certificat d’authenticité. Lorsqu’un artiste crée un NFT à partir d’une œuvre d’art, une écriture numérique est automatiquement produite. Cette dernière correspond à un marqueur d’authenticité infalsifiable. Il est incorporé et circule dans une blockchain. La chaîne de blocs, en français, est une technologie qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière sécurisée et transparente.
Un titre de propriété. Le créateur de l’œuvre est inscrit numériquement lors de la conception du NFT. L’acheteur sera ajouté par la suite.
Un contrat. Les clauses d’utilisation de l’œuvre numérique sont déterminées et enregistrées dans le jeton. L’artiste peut également percevoir des royalties, s’il a négocié et inscrit cette clause dans le contrat.
L’ensemble est consigné numériquement sur un registre et sur une blockchain. L’intérêt est d’être le propriétaire d’un unique fichier numérique. Sans NFT, un objet numérique peut être dupliqué à l’infini. Grâce à cette technologie, on peut authentifier et protéger une œuvre, l’artiste et le propriétaire. Les œuvres infalsifiables s’achètent principalement avec la cryptomonnaie Etherum.
Surprise : le Centre Pompidou mise sur les NFT
Notre centre Pompidou, fierté du patrimoine français, se lance dans la course aux NFT. Il devient, ainsi, le deuxième musée de l’hexagone à acquérir des œuvres numériques non fongibles. En effet, il s’est fait voler la vedette par le musée Granet d’Aix-en-Provence ! En janvier, ce dernier intègre, pour la première fois, des créations NFT dans sa collection. Puis, c’est au tour du Centre Pompidou en février 2023. L’institution crée la surprise et annonce l’acquisition de dix-huit projets de treize artistes français et internationaux. Dans cette collection, on retrouve :
des pionniers du mouvement comme Claude Closky ou Fred Forest ;
des talents émergents comme le Chinois aaajiao, les Français Émilie Brout et Maxime Marion ;
Larva Labs : ce duo américain a popularisé le NFT grâce au phénomène CryptoPunks auprès du grand public.
Marcella Lista et Philippe Bettinelli, conservatrice et conservateur au musée Pompidou, sont à l’origine de cette acquisition. « L’idée n’était pas d’être les premiers, mais de rassembler une collection pertinente, qui puisse témoigner d’une appropriation créative et critique d’une nouvelle technologie par les artistes, et comment cela perturbe et déplace l’écosystème de l’art. » - Marcella Lista. L’objectif est donc de rapporter le témoignage d’un mouvement artistique récent et d’analyser les conséquences. Si les musées français commencent à miser sur les NFT, les Américains ont déjà leur propre musée dédié.
Un musée entièrement consacré aux NFT à Seattle
Le Seattle NFT Museum a ouvert ses portes au grand public en 2021. Il expose uniquement des œuvres d’art numériques non fongibles. Les toiles sont absentes de cette institution. Elles ont été remplacées par des écrans ou le visiteur peut admirer des œuvres issues du mouvement du crypto art. L’objectif du musée est de faciliter l’accès au grand public aux œuvres numériques par le biais d’expositions permanentes et éphémères. Les productions originales sont accompagnées d’explications sur les technologies qui permettent de les faire fonctionner. L’institution se pose également en référent dans le monde du crypto art. La galerie utilise des écrans de grande qualité pour offrir une expérience immersive aux visiteurs. La France suivra-t-elle les pas des États-Unis ? Le monde de l’art observe, avec beaucoup d’intérêt, l’accueil de la collection NFT du Centre Pompidou. Et qui sait, peut-être verra-t-on naître un musée consacré aux œuvres non fongibles dans l’hexagone ?
Si le monde de l’art et les collectionneurs s’enflamment pour les NFT, le grand public reste, lui, méfiant sur ce mouvement. Les musées, quant à eux, sont la mémoire des tendances artistiques et des époques qui passent. Retrouver des collections consacrées aux œuvres numériques non fongibles n’est donc pas si étonnant. Les toiles et les sculptures, quant à elles, ont toujours leur place dans les musées. Il n’y a donc pas de compétition entre ces différentes techniques. Cependant, il est difficile de prédire l’avenir des NFT, cette technologie est trop récente… Et vous ? Préférez-vous des toiles bien réelles à contempler ? Ou vous laisserez-vous tenter par les œuvres numériques non fongibles ?
Blandine Cahn, pour Aline my Art
Sources :
Centre Pompidou : Le Centre Pompidou passe à l’heure NFT
AEconomie.gouv.fr : Qu’est-ce qu’une chaîne de blocs (blockchain) ?
Lebigdata.fr : NFT: Tout savoir sur la nouvelle forme de crypto monnaie